D’une grande importance géographique, la rivière est depuis toujours un obstacle à franchir pour parvenir sur la rive opposée. À chaque époque, les habitants de Saint-Jean, de Saint-Blaise, de Lacolle et de Noyan ont su faire preuve d’ingéniosité afin d’assurer la liaison entre les deux rives.

Ainsi, certains riverains se dotent d’un permis pour tenir un traversier sur la rivière. À Saint-Jean, le fameux pont blanc (pont Jones) assure un passage sécuritaire, moyennant quelques sous. Les plus téméraires profitent de l’hiver pour emprunter les ponts de glace qui se forment sur le Richelieu. Aujourd’hui, il n‘y en a plus à cause de la structure brise-glace du pont Gouin et de son emplacement stratégique.

C’est en observant l’évolution des moyens de transport qu’il est possible de constater que les ponts subissent la même influence. Par exemple, l’arrivée du chemin de fer, qui accélère les déplacements, a pour conséquence que trois ponts ferroviaires sont construits sur la rivière entre Saint-Jean et Noyan.

Apprenons-en davantage sur l’un d’entre eux, démoli en 1967. Il est construit par la compagnie Stanstead, Shefford and Chambly Railroad en 1864, mais est loué par le Central Vermont Railway jusqu’en 1955, ce qui lui vaut d’être connu sous le nom de cette compagnie. À ses débuts, le trajet rejoint le premier chemin de fer du Canada à la gare de Saint-Jean, qui appartient au Grand Tronc depuis 1864. Du côté d’Iberville, une ligne se dirige vers Farnham, puis Waterloo et Granby, alors que l’autre descend rejoindre le Vermont.

En 1923, le C. N. est constitué et prend possession de ce réseau ferroviaire. Il décide de délaisser le chemin vers Farnham en 1936 et enlève les rails. Une voie de détournement pour rejoindre le chemin de fer du C. P. est construite dans le section industriel d’Iberville. Elle est encore présente aujourd’hui.

De son côté, le Central Vermont utilise le chemin passant par Saint-Jean jusqu’à Montréal jusqu’en 1955. Par la suite, les rails sont démantelés depuis l’ancienne jonction des deux voies jusqu’aux États-Unis. Le C. N. utilise encore quelques espaces du côté d’Iberville jusqu’en 1967, année où le pont est démoli. Aujourd’hui, bien peu de gens se souviennent d’avoir vu ce pont qui changeait complètement le visage de la rivière.

Ensuite, c’est l’automobile qui transforme radicalement le paysage urbain. Le pont Jones doit céder sa place au pont Gouin, qui doit sous peu la céder à son successeur en construction. On voit apparaître des ponts de plus grande envergure avec la démocratisation des transports, comme Félix-Gabriel-Marchand et Jean-Jacques-Bertrand. Ce dernier remplace le pont de Cantic, en bois, dernier pont à péage privé au Québec.

Ensemble, ces structures à elles-seules mettent en lumière ce qui caractérise l’histoire de la région, de par leur nom ou par leur contexte de création. C’est d’ailleurs le sujet de notre exposition automnale, qui est présentée du 13 septembre au 1er décembre 2019. L’exposition propose un portrait de l’évolution de ces passages d’hier à aujourd’hui, soumis aux aléas du temps et de l’industrialisation. Venez faire un tour, vous y apprendrez quelque chose, c’est garanti !