C’est le 29 mai 1914 que coulait l’Empress of Ireland au large de Rimouski. Ayant quitté Québec à 16 h 30 la veille, il se dirigeait à Liverpool avec 1477 passagers.

À la nuit tombée, l’Empress of Ireland aperçoit devant lui le Storstad, un navire qui fait la livraison de charbon entre Sydney (Nouvelle-Écosse) et Montréal. Après avoir déposé son pilote à Pointe-au-Père, l’Empress se repositionne sur sa route plus au nord. Le Storstad pense alors croiser l’immense navire gauche gauche. De son côté, l’Empress prévoit croiser le Storstad droite-droite. À 1 h 40, une brume compacte enveloppe les navires. L’Empress envoie des signaux sonores pour signifier son arrêt. Le Storstad lui répond, signalant ainsi qu’il comprend. À 1 h 55, soit quelques minutes après, le Storstad surgit de la brume et s’enfonce dans la coque de l’Empress. Poussé par le courant, il éventre le paquebot et s’éloigne.

Croquis du contact entre l’Empress et le Storstad
Musée du Haut-Richelieu

À 2 h 09, on ne voit plus que quelques canots de sauvetage et des cadavres pour témoigner de la présence de l’Empress, qui a totalement disparu sous la surface. On compte 1012 victimes, ce qui laisse seulement 465 survivants, dont 248 membres de l’équipage. Les passagers devaient évacuer un navire qu’ils ne connaissaient pas, ce qui explique le faible nombre de survivants parmi eux. Il s’agit de la deuxième plus grande catastrophe maritime de l’histoire, et la première au Canada.

Parmi les survivants, mentionnons Louis-Aldéï Gosselin, né à Saint-Alexandre en 1869. Il était l’un des seuls Canadiens français à bord. Il se rendait en voyage d’affaire à Londres, puis à Paris avec son ami Lionel Kent. Sa cabine de première classe sur le pont supérieur lui a certainement donné un avantage considérable pour s’en sortir. Gosselin est rescapé par le Storstad, puis ramené à Rimouski, où il livre ce touchant témoignage à un journaliste:

« Soudain un radeau, que nous n’avions pas remarqué, glissa à nos côtés et par l’effet de la bande du navire, jusqu’à la mer. […] En une minute nous nous trouvions au nombre de quatre ou cinq sur ce radeau providentiel.
[…] nous nous mîmes aussitôt en frais de recueillir les naufragés; si bien qu’à la fin, notre radeau était chargé de trente à trente-cinq personnes. »

Louis-Aldéï Gosselin

Quelques années plus tard, Louis-Aldéï Gosselin finance l’achat de la majorité des vitraux de l’église de Saint-Alexandre. Certains disent qu’il remerciait ainsi le ciel pour sa chance. Il est décédé en 1934 et repose aujourd’hui dans une crypte sous l’église.

L’épave de l’Empress gît toujours au fond du Saint-Laurent. Elle est classée bien archéologique et historique par le gouvernement québécois en 1999, ce qui empêche quiconque d’y pratiquer des prélèvements ou des interventions. Le Musée Empress of Ireland à Rimouski commémore ce triste événement.