Le regroupement municipal des villes de Saint-Jean-sur-Richelieu, de Saint-Luc, d’Iberville, de la municipalité de L’Acadie et de la paroisse de Saint-Athanase célèbre ses vingt ans en 2021. La fusion est officialisée le 24 janvier 2001, et la nouvelle entité prend le nom de Saint-Jean-Iberville. Ce n’est que le 16 mai suivant que la Ville prendra officiellement le nom de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Un peu d’histoire
Le regroupement est composée de cinq secteurs. Voyons brièvement leur historique. D’abord, Saint-Luc voit arriver ses premiers résidents permanents vers 1665, lors de la construction du fort Sainte-Thérèse. Les militaires et les colons s’établissent à cet emplacement qui borde le chemin reliant Saint-Jean à La Prairie, surtout vers 1779. L’endroit est d’abord connu sous le nom de Coteau-des-Hêtres à cause de la grande quantité d’hêtres. La paroisse Saint-Luc est fondée en 1799, puis devient une ville en 1963. Au moment de la fusion, le territoire couvre 51 km2 et compte près de 21 000 habitants.
Saint-Jean est colonisé vers 1666 lorsque le régiment Carignan-Salières y érige un premier fort. La ville prend de l’expansion et des colons de tous horizons s’y établissent. On note une forte présence anglophone au lendemain de l’indépendance américaine, de sorte que la ville prend brièvement le nom de Dorchester entre 1790 et 1847. C’est en 1978 que le conseiller municipal Jules Roy propose le nom Saint-Jean-sur-Richelieu afin de distinguer la ville des 44 autres municipalités qui ont Saint-Jean dans leur nom. Au moment de la fusion, le territoire couvre 47 km2 et compte près de 38 000 habitants.
Le secteur d’Iberville et de Saint-Athanase est colonisé à partir de 1733, alors que la seigneurie appartient à Clément Sabrevois de Bleury. Le territoire est alors désigné sous le nom de Mille Roches, à cause des roches qu’on voit émerger de la rivière. La seigneurie est vendue au seigneur Christie en 1764, après le passage aux mains des Britannique après la guerre de Sept Ans. En 1815, la ville prend le nom de Christieville. Elle est majoritairement protestante. Ainsi, la paroisse catholique de Saint-Athanase est créée en 1822. Le nom Iberville s’impose en 1859, en l’honneur de Pierre Lemoyne, Sieur d’Iberville. Au moment de la fusion, le territoire d’Iberville couvre 5 km2 et compte près de 10 000 habitants. Le territoire de Saint-Athanase couvre 53 km2 et compte près de 7000 habitants.
Finalement, le début de la colonisation de la Petite Cadie remonte à 1762. Vers la fin des années 1770, le territoire est surtout appelé Blairfindie. Ce n’est qu’en 1782 que la paroisse de Sainte-Marguerite-de-Blairfindie est formée. Le nom L’Acadie est toujours présent, mais officieusement. Il ne sera officiel qu’en 1976. Au moment de la fusion, le territoire couvre 69 km2 et compte près de 6000 habitants.
Une fusion qui n’en était pas à sa première tentative
Le mouvement des regroupements municipaux bat son plein au Québec au tournant des années 1960. Cela est causé par deux commissions d’enquête; celle sur la fiscalité des municipalités, ainsi qu’une sur l’urbanisation. Alors que le Québec comptait 489 municipalités en 1855, il en compte 1674 en 1961.
Hôtel de ville de Saint-Jean, photo prise par J.-L. Pinsonneault en 1958
Collection Musée du Haut-Richelieu
Dès 1962, la Ville de Saint-Jean fait les démarches pour annexer la paroisse de Saint-Jean, qui correspond au quartier Saint-Eugène. Les limites de la ville s’étendent désormais jusqu’aux frontières de Saint-Blaise. Quelques discussions sont aussi entreprises avec les résidents du quartier Talon, appartenant à Saint-Luc, mais rien n’aboutit. Cette même année, Iberville annexe une partie de Saint-Athanase, comprenant 1500 habitants. Cela permet à Iberville d’aménager un parc industriel, une polyvalente et un aréna.
En 1971, le gouvernement provincial promulgue une loi favorisant le regroupement municipal. Iberville entre en discussion avec Saint-Athanase, qui s’oppose. Le conseil se tourne alors vers Saint-Jean. Une étude de faisabilité est réalisée, mais Saint-Jean n’est pas convaincu de la pertinence de l’annexion. En 1973, Saint-Jean est aussi approché par L’Acadie.
Hôtel de ville d’Iberville, situé au 855, 1re Rue, 1996
Photographe Rémy Boily
Archives du journal Le Canada Français
En 1988, il y a un projet de créer une communauté urbaine de Saint-Jean. Or, ce n’est vraiment qu’avec la réforme Ryan, qui prévoit une aide financière aux municipalités désirant se regrouper, que le projet de fusion est remis en marche. En 1996, Iberville fait une nouvelle tentative avec Saint-Athanase, sans succès. La ville rejoint donc le projet de regroupement de Saint-Jean et de Saint-Luc. Cette annexion permettra une meilleure répartition du fardeau fiscale et plus d’équité entre la ville, au centre, et les périphéries. De plus, le nouveau regroupement prendra la septième place en importance parmi les villes québécoises, insufflant un nouveau souffle à son économie.
Le début du processus de fusion entre les cinq maires, avril 1999
De gauche à droite; Christiane Marcoux (L’Acadie), Jean Rioux (Iberville), Maurice Bergeron (Saint-Athanase), Gilles Dolbec (Saint-Luc) et Myroslaw Smereka (Saint-Jean-sur-Richelieu)
Photographe Rémy Boily
Archives du journal Le Canada Français
Manifestation contre la fusion à Saint-Athanase, nov. 2000
Photographe Rémy Boily
Archives du journal Le Canada Français
La une du journal Le Canada Français, 24 janvier 2001
Saint-Athanase, voulant éviter cette fusion, tente un rapprochement avec Mont-Saint-Grégoire, mais cela n’aboutit pas. Malgré un référendum à très forte majorité contre en octobre 2000, tant à Saint-Athanase qu’à L’Acadie (95,6 % contre à L’Acadie), le gouvernement provincial inclut les deux territoires dans le projet de regroupement municipal, qui prend effet le 24 janvier 2001. C’est le maire de Saint-Luc, Gilles Dolbec, qui est élu comme maire du conseil provisoire, en attendant les élections de novembre 2002.
On dit à l’époque que s’il y a une seule chose sur laquelle tout le monde est d’accord au sein du regroupement, c’est que le nom déplaît. On parle dès février de changer pour Saint-Jean-sur-Richelieu, afin d’éviter un changement d’adresse des industries et de la majorité de la population, entre autres. C’est le 16 mai 2001 que prend effet cette résolution.
Le Canada Français, 17 janvier 2011
Le nouveau et actuel logo symbolise l’union des deux rives. Les cinq vagues représentent les cinq territoires regroupés.