Il y a de cela 145 ans, une partie du centre-ville de Saint-Jean, et de son histoire, partait en fumée. C’était un dimanche matin, il était à peine 8 heures, le 18 juin 1876.
Les causes de l’incendie sont inconnues. Quelques-uns racontent que cela aurait été l’œuvre d’un incendiaire. D’autres soutiennent que ce sont des particules s’échappant de la locomotive du Canadien National qui passait par là qui seraient à l’origine du brasier.
Le feu prend naissance derrière le moulin à scie de Louis Bousquet, alors conseiller municipal. Combiné à un fort vent provenant du sud, le feu se répand rapidement aux bâtiments voisins. À 8 h 45, le feu ravage la maison de douanes et le bureau de poste, situés au coin des rues Front (Richelieu) et Partition (Saint-Georges). Le feu continue à étendre son emprise et, à 10 h 45, c’est la totalité de la rue Richelieu qui est touchée, de même que le côté est de la rue Champlain. Ce sont près de 300 bâtiments qui sont réduits en cendres, faisant deux victimes du même coup. Un des rares bâtiments qui résiste est le 295-301, rue Richelieu (qui sera malheureusement détruit par les flammes en 2019). Le pont Jones est aussi miraculeusement épargné. L’incendie de 1876 ravage le cœur financier, industriel et commercial de Saint-Jean. Il emporte avec lui ses hôtels, ses commerces, ses banques…
Cartes postales de J.-L. Pinsonneault
Collection Musée du Haut-Richelieu
Les forts vents ne sont pas les seuls responsables de l’ampleur de l’incendie. Il faut combiner cela au manque de ressources des pompiers de la Ville de Saint-Jean. La pompe à incendie est démontée pour son entretien périodique. Aussi, le réservoir à eau est complètement à sec. L’accès à la rivière est bien difficile à cause de l’incendie qui ravage les berges. Les pompiers font donc appel aux équipes de Montréal et de Saint Albans, au Vermont, pour leur venir en aide. Le feu est finalement maîtrisé vers minuit la nuit suivante, grâce au travail acharné des pompiers et à la forte pluie.
Réactions
Pour prévenir de futurs incidents similaires, il est décidé d’élargir les rues et de mieux encadrer la construction des maisons faites de bois. Le 24 juin 1876, la Ville de Saint-Jean se dote d’une pompe à vapeur hippomobile, la Silsby, pour lutter contre les incendies.
1892, au tournant des années 1900 et vers 1940
Archives Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu
Elle sera installée dans le bâtiment de la station de Pompe, sur la rue Longueuil, inauguré en 1877. Cet édifice est surmonté de deux tours, l’une abritant une cloche, l’autre permettant de faire sécher les tuyaux et donnant un excellent point de vue sur la ville pour apercevoir les feux. Cette dernière tour est démolie en 1980.
Station de Pompes, photo prise par Ken Wallett en 1974
Archives du journal Le Canada Français
La pompe sera remisée en 1941 à la suite de l’apparition des camions à incendie. Les pompiers déménagent sur la rue Mercier en 1956. La pompe passera plusieurs années oubliée dans un hangar. Elle ne refait surface qu’au tournant des années 2000.
La pompe Silsby réintégrant la station de Pompes, août 2016
Collection Musée du Haut-Richelieu
En 2009, la pompe Silsby est classée bien culturel par le gouvernement du Québec et est complètement restaurée. Depuis 2016, elle a retrouvé sa place dans l’édifice de la station de Pompe et trône fièrement au centre de l’exposition permanente du Musée du Haut-Richelieu. Ce véhicule, magnifiquement décoré d’or, est à couper le souffle. Une visite s’impose durant votre été.
La pompe dans l’exposition permanente du Musée, 2017
Collection Musée du Haut-Richelieu