Le chemin qui mène à la renommée du cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu est bien long. En effet, son histoire commence vers 1850, avec la volonté du curé de Saint-Jean, Charles Larocque, de fonder sur son territoire une filiale du Séminaire de Saint-Hyacinthe.

Les démarches sont ardues. Larocque a finalement gain de cause en 1864, mais il se fait couper l’herbe sous le pied alors qu’une institution presque similaire ouvre ses portes à Iberville. Au même moment, il doit quitter Saint-Jean parce qu’il est élu troisième évêque de Saint-Hyacinthe. Un modeste collège est tout de même installé dans l’ancien couvent des sœurs de la congrégation de Notre-Dame. Il doit cependant fermer ses portes seulement deux ans plus tard, en 1866.

Il faudra encore de nombreuses années d’acharnement pour doter Saint-Jean d’un collège de grande envergure. La Corporation du Collège de Monnoir s’installe sur la rue Salaberry en 1909 pour y dispenser des cours, à la suite de l’incendie du collège situé à Marieville en 1907. Toutes les villes environnantes rivalisent pour accueillir le nouveau collège. De nombreux débats surviennent à la suite de l’ouverture du collège à Saint-Jean. Il doit fermer ses portes en 1912.

Soulignons que l’année précédente, en 1911, Mgr Bruchési soutient le projet de collège. Il plaide sa cause et obtient finalement la permission d’installer un collège classique à Saint-Jean, plus de 60 ans après l’idée initiale. C’est Mgr Joseph-Arthur Papineau qui est en charge de développer le collège pour son ouverture. Ce dernier est alors aménagé dans l’ancienne poterie MacDonald, désertée depuis quelques années, située au coin des rues Saint-Georges et Laurier. Le collège classique de Saint-Jean commence officiellement ses activités en septembre 1911.

L’énorme bâtiment qui abrite le collège est victime d’un incendie en 1939. Au petit matin du 19 octobre, le feu prend dans un entrepôt appartenant à la Canadian Potteries situé près de la voie ferrée du Canadien National, juste en face du collège sur la rue Saint-Georges. Les forts vents du sud ont tôt fait d’envoyer des étincelles sur le bâtiment du collège, qui se consume totalement. Il n’y a aucun décès, mais les pertes matérielles, dont la grande bibliothèque, sont inestimables. À cette époque, près de 400 élèves étaient pensionnaires au collège.

Après cette catastrophe, les cours sont dispensés dans quelques bâtiments éparpillés dans la ville. Les enseignants sont conscients qu’il faut construire un nouveau collège très rapidement, car les conditions d’enseignement ne sont pas optimales. Un plan avait déjà été réalisé par l’architecte Félix Racicot pour installer le collège au bout de la rue Montcalm, sur la colline, de l’autre côté du ruisseau Jackwood, canalisé depuis 1931. La construction se fait très rapidement car, en novembre 1941, les premiers élèves entrent dans le tout nouveau collège de Saint-Jean ; l’actuel cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu. Ce n’est qu’en 1942 que son nom est modifié pour Séminaire de Saint-Jean, ce qui inspire d’ailleurs le nom du boulevard où se situe le cégep.

Quelques ajouts sont faits au bâtiment à travers les années, dont un auditorium et des résidences en 1960. Dans la foulée de la Révolution tranquille au Québec, le cursus scolaire se modifie peu à peu. Les femmes sont admises au Séminaire, mais elles suivent leurs cours dans un autre bâtiment.

C’est finalement le rapport de la Commission Parent qui change le destin du séminaire. Dans ce document, il est question de la création d’un ministère de l’Éducation, ce qui favorisera, quelques temps après, l’émergence des cégeps. En 1967, officiellement, le cours classique dispensé au séminaire est remplacé par le cheminement collégial. Les femmes font leur entrée dans les classes, tant comme étudiantes que comme enseignantes.

Le Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu est créé en 1968, regroupant les activités du séminaire, de l’École d’infirmières de l’hôpital de Saint-Jean (1922-1970) et celles de l’École des Métiers. Le cégep compte, à ce moment, près de 700 élèves.

De nombreuses rénovations doivent être réalisées pour adapter les lieux. Dès 1970, les gymnases sont aménagés, de même que la piscine. L’ancien gymnase du séminaire est converti en bibliothèque en 1972. Dans les années 1990, l’aile des corridors G et H, à l’extrême gauche du bâtiment, est ajoutée. C’est à la même époque que la gestion de l’auditorium est confiée à la SPEC, qui présente de nos jours des spectacles dans ce qu’il est désormais coutume d’appeler le Théâtre des Deux Rives.

En 2011, le Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu célébrait le 100e anniversaire d’enseignement supérieur dispensé à Saint-Jean dont il porte tout l’héritage. Il a aussi fêté son 50e anniversaire en tant qu’établissement collégial en 2018. Comptant seize programmes d’études et environ 3200 étudiants, le Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu est porteur d’une riche histoire de capacité d’adaptation et de persévérance. Sachons être fiers de ce joyau multidisciplinaire qui contribue à la renommée de Saint-Jean-sur-Richelieu depuis plus d’un siècle.