La chronique de ce mois-ci fait un bref survol de la rébellion des Patriotes dans la région, qui se termine avec la bataille d’Odelltown, le 9 novembre 1838.

Depuis 1837, des groupes de patriotes se mobilisent contre les Anglais. La période charnière dans la région du Haut-Richelieu se situe en 1838, alors que plusieurs affrontements ont lieu.

Au début de l’année, Robert Nelson lit devant une assemblée la Déclaration d’indépendance du Bas-Canada. Il crée par le fait même la république de l’état du Bas-Canada le 28 février 1838, dont il est provisoirement président. Le docteur Cyrille-Hector-Octave Côté en est le vice-président. Cela a lieu à Caldwell’s Manor, près de Noyan. Réunissant Napierville, Lacolle et Saint-Bernard, la république ne dure qu’une semaine.

En terme d’affrontement, on pense par exemple à celui du 6 novembre, alors qu’un groupe de patriotes mené par le docteur Côté fait route vers les États-Unis pour se procurer des armes. Ils sont surpris par 70 volontaires loyaux à la couronne britannique, dissimulés dans le moulin de Lacolle. Surpassés en nombres, ces volontaires abandonnent.

Le lendemain, lors du retour des 171 patriotes avec leur lot d’armes, une division de 400 miliciens volontaires les attend au moulin. Les Canadiens français doivent abandonner leur cargaison et fuir aux États-Unis. Selon certains historiens, cette bataille est déterminante pour la suite de l’histoire. Alors qu’une deuxième défaite aurait pu démoraliser les troupes anglaises, elle prive plutôt les patriotes de nombreuses armes et d’un accès stratégique aux États-Unis où ils auraient pu s’approvisionner davantage en armement.

Après cette défaite, les volontaires établissent leur camp près de l’église d’Odelltown, construite entre 1823 et 1825, près de Lacolle. Cette église méthodiste est nommée ainsi en mémoire de John Odell, un des premiers colons à s’établir à Lacolle.

Vers 10 h, le vendredi 9 novembre 1838, une force de 600 patriotes converge vers ce lieu. Alors qu’une soixantaine de loyaux se réfugient dans l’église, près de 300 autres prennent l’avantage du terrain et se dissimulent derrière les buttes et dans les fossés d’où ils peuvent viser les patriotes à leur aise. Ces derniers ont l’avantage du nombre, mais ils sont désorganisés. Sans arme, sans munition et sans argent, il devient difficile de tenir le siège.

Un groupe de Frères-chasseurs, une armée secrète dont l’objectif est de délivrer le Canada du joug anglais, se réfugient dans la grange derrière l’église pour faire feu sur les loyaux. Ceux-ci incendient la grange en retour. Vers 15 h, on aperçoit au loin des renforts pour le camp des loyaux. Plus de 300 volontaires de Noyan et d’Hemmingford viennent leur prêter main forte, et le camp adverse craint d’être encerclé. La noirceur s’installe rapidement en ce début de novembre, ce qui facilite la fuite de nombreux combattants patriotes. Devant une armée grandissante, qui a l’avantage technique, et de plus en plus de déserteurs, les patriotes de Robert Nelson se dispersent, se réfugiant pour la plupart aux États-Unis ou chez la parenté, alors que d’autres sont faits prisonniers.

La bataille de l’église d’Odelltown marque l’échec définitif de la rébellion des Patriotes en 1838.