Mettre les petits plats dans les grands

Connaissez-vous la signification de cette expression? Elle réfère au désir d’épater la galerie, de tout faire pour plaire aux visiteurs. En ce temps des fêtes, plusieurs d’entre vous sortirez effectivement vos grands plats pour recevoir la famille, et votre plus belle porcelaine saura éveiller la jalousie de la belle-famille. Pourquoi ne pas en rajouter un peu en éduquant vos convives sur le vocabulaire du monde de la céramique?

Pot à eau en porcelaine, produit vers 1895
Collection Musée du Haut-Richelieu, 1995.13.1565

Entre le 19^e siècle et les années 1930, Saint-Jean est la capitale canadienne de la céramique. C’est dire tout l’héritage dont nous sommes porteurs dans ce domaine. C’est pour cette raison qu’il y a tant de pièces de céramique au Musée et que nous nous efforçons de partager avec vous ce patrimoine millénaire!

Origine

Commençons par le commencement : céramique vient du mot en grec ancien Kéramos, qui signifie terre à potier. Mais j’entends déjà votre cousin demander la différence entre la céramique et la poterie. Saurez-vous quoi lui répondre ? Notez-le bien, la céramique est l’art de façonner l’argile et la poterie est la confection de pots. Tout simple, non? L’argile, qui compose 90 % de la surface terrestre, est très répandue à Saint-Jean-sur-Richelieu à cause de la rivière qui la sillonne.

Porcelaine

Mais revenons à votre belle porcelaine. Qu’est-ce qui lui donne toute sa valeur ? Elle est surtout formée de kaolin, de l’argile blanche découverte en Chine il y a très longtemps. C’est pour cette raison que la porcelaine de Chine a été, pendant des siècles, reconnue et estimée à travers le monde. Seuls les Chinois avaient accès à cette matière première si particulière qui donne sa blancheur à la porcelaine. Les artisans de l’Europe essayaient sans succès de reproduire ces porcelaines de qualité, mais impossible d’obtenir la blancheur désirée, avec sa solidité et sa transparence typique, sans kaolin. Ce n’est qu’en 1709 que sont découverts les premiers gisements de kaolin en Allemagne. Des gisements sont ensuite découverts ailleurs, par exemple aux Pays-Bas, en France et en Amérique du Nord. Son utilisation se répand, jusqu’à être importé dans le Haut-Richelieu pour les différentes industries qui produisent de la porcelaine.

Ses procédés de confection demandent encore aujourd’hui beaucoup de minutie pour être réussis. Il faut façonner la terre, puis cuire le biscuit (bis-cuit, qui signifie cuit deux fois). On décore ensuite avec de la glaçure, faite à partir de minéraux broyés, puis la pièce est cuite une seconde fois. De quoi mettre de l’histoire dans vos grands plats maintenant!