Alors que la température se réchauffe, plusieurs d’entre vous auraient aimé aller se sucrer le bec prochainement. Cette tradition de la cabane à sucre est un emblème de la culture québécoise printanière.
Au Québec, la tradition de la cabane à sucre commence au début du 19e siècle. Dans la région, la première sucrerie non commerciale, située sur la montagne, est tenue par Jean-Roch Rolland (1785-1862), seigneur de Monnoir. Il avait acheté la seigneurie au seigneur Johnson en 1826. Jean-Roch Rolland sera le dernier seigneur du territoire, car le régime seigneurial prend fin en 1854.
En 1910, Aurèle Bonneau ouvre sa cabane à sucre à la population de la région. À Mont-Saint-Grégoire, les cabanes à sucre deviennent une industrie un peu plus tard, au tournant des années 1920. Cela fait donc près de 100 ans que la région attire les familles, les amis et le voisinage pour le temps des sucres.
Une des premières cabanes familiales à ouvrir au public est celle d’Alphonse et Elzéar Goineau en 1929. Les deux frères rendent leur cabane à sucre, située à flanc de montagne, accessible aux gens souhaitant y tenir des réceptions. Cela lance véritablement l’essor des cabanes à sucre dans le Haut-Richelieu.
Soulignons également la cabane à sucre de Romuald Meunier, ouverte en 1947, qui sera l’une des premières à être électrifiée. Le dimanche, elle reçoit un orchestre, au plus grand plaisir des convives.
Le temps des sucres en famille, première moitié du 20e siècle
Collection Musée du Haut-Richelieu
La tradition a bien évolué. À ses débuts, ce sont les gens qui apportaient leur viande et leurs œufs. Le cuisinier de la cabane s’occupait de préparer la nourriture et fournissait du sirop, moyennant une certaine redevance.
À une certaine époque, la cabane à sucre était l’endroit idéal pour échapper aux obligations religieuses. En effet, le temps des sucres correspond au carême dans le calendrier catholique, cette période où le jeûne et l’abstinence sont de mise. Au lieu de cela, les Canadiens français se retrouvent à la cabane et festoient pour souligner la fin de l’hiver avec mille et une façons de consommer du porc, des œufs, des desserts, le tout bien imbibé de délicieux sirop d’érable bien de chez nous! Aujourd’hui, la cabane à sucre a, pour la plupart des gens, perdu toute association religieuse.
De nos jours, les cabanes à sucre de Mont-Saint-Grégoire font encore la fierté de la région. Le décor idyllique au pied de la montagne contribue à attirer des touristes de partout. Les érablières se relèvent enfin des dommages causés à leurs arbres durant la crise du verglas en 1998, qui leur fut bien difficile.
L’expérience de la cabane s’agrémente maintenant de promenades à cheval ou en tracteur pour visiter l’érablière, de même que la présence de quelques animaux et un côté éducatif sur les méthodes de travail, pour les plus curieux.
Malgré tout, l’esprit de la cabane à sucre d’antan demeure : il y a de la musique et de la danse, et ça se passe « à la bonne franquette »!